Une affligeante histoire d’inceste échelonnée sur une trentaine d’années a été mise à jour, hier, au palais de justice.
Un père de famille subit en effet son procès actuellement pour avoir abusé sexuellement de sa fille de 1979 à 2008. L’individu, qui est âgé de 66 ans, fait face à des accusations d’attentat à la pudeur et de grossière indécence entre janvier 1979 et novembre 1982. Il est également accusé d’agressions sexuelles entre janvier 1983 et novembre 1986, d’inceste entre 1982 et 2008 et enfin, d’harcèlement entre août 2008 et octobre 2008.
La fille remplaçait la mère dans le lit conjugal…
Le procès a commencé, hier, avec le témoignage de la présumée victime, une ingénieure présentement âgée de 43 ans. La dame est présentement en arrêt de travail. Selon ce qu’elle a indiqué, elle avait 11 ans lorsque les premiers attouchements sont survenus. Elle a même avoué avoir éprouvé du plaisir à cette occasion. Les abus se seraient par la suite poursuivis à toutes les fins de semaine. Il faut dire que ses parents étaient divorcés, de sorte qu’elle vivait seule avec son père et son frère à la maison. À l’âge de 14 ans, elle aurait eu une première relation sexuelle complète avec son père et ce, à sa propre demande. «Je voulais qu’il le fasse pis il l’a fait. Étrangement, je n’ai éprouvé aucune douleur», a-t-elle confié, lorsque interrogée par la procureure aux poursuites criminelles et pénales.
À raison de trois ou quatre fois par semaine au fil des années suivantes, le père et la fille auraient ensuite eu des relations sexuelles vaginales et même anales. Elle aurait tenté à quelques reprises de lui dire qu’elle ne voulait plus faire ça mais ce dernier l’insultait au point qu’elle finissait par céder à ses caprices. Elle soutient avoir obtenu ses seuls moments de repos le dimanche. «C’est le Jour du Seigneur et à cette époque, je priais beaucoup. Malgré tout, il s’essayait», a-t-elle précisé.
Sa vie sentimentale n’aurait pas été facile dans les circonstances puisque toujours selon elle, son père était jaloux de ses copains. «À 16 ans, je lui ai dit que j’avais assez donné pour la maison et la sexualité. Je voulais avoir ma propre vie mais il était en colère. Je me suis résignée», a-t-elle mentionné.
Il a fallu qu’elle tombe enceinte et quitte la maison familiale au début de la vingtaine afin de s’installer avec son conjoint pour que les relations sexuelles diminuent en fréquence sans pour autant cesser. «J’essayais d’avoir une vie normale avec mon chum, de me bâtir une famille, d’avoir un travail. J’essayais de vivre par-dessus tout ça mais je n’aurais pas dû. Je faisais tellement confiance à mon père. Je croyais qu’il voulait mon bien. Il aurait dû arrêter», a-t-elle ajouté.
En effet, il semble que la relation qu’elle avait avec son père était pour le moins fusionnelle car même à l’âge adulte, il était très présent dans sa vie personnelle et familiale. Leurs contacts étaient réguliers au point qu’ils ont fini par déranger son conjoint de l’époque.
C’est finalement en 2008, alors qu’elle avait 39 ans et qu’elle venait de rencontrer celui qui est devenu son actuel mari, qu’elle a mis fin aux relations sexuelles avec son père. Elle espérait alors pouvoir entretenir une véritable relation père-fille mais en vain.
Son père aurait plutôt commencé à la harceler presque quotidiennement, que ce soit par téléphone, par courriels ou encore en passant régulièrement devant son domicile. Il se serait même pointé à la garderie et l’école de ses enfants. En septembre 2008, il aurait tenté de foncer sur elle et son nouveau conjoint avec son véhicule.
Elle a par la suite déménagé dans une autre ville et entrepris un processus thérapeutique. «J’avais tout avoué à mon mari sur les abus dont j’avais été victime. C’était la première fois que ça arrivait. J’ai cru que c’était suffisant mais ce n’était pas le cas», a-t-elle mentionné.
En 2009, elle a donc porté une plainte à la police. «Je ne peux plus descendre aussi bas sans remonter. J’ai pensé qu’en passant par le processus judiciaire, je pourrais réussir à me libérer, à me vider. Je ne veux plus de cachette.
Tout le monde le sait. Ma vie c’est ça», a-t-elle conclu.
Le procès du prévenu, dont on doit taire le nom pour protéger celle de sa fille, va se poursuivre aujourd’hui.
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